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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 08:18

   J'ai accompagné ce jeudi 9 février Renée à sa dernière demeure. C'est la première fois que j'use de son prénom pour la nommer. Je ne l'ai jamais appelée Renée, mais toujours, avec respect, Madame suivi de son patronyme. Cela fait plus de trente ans. J'avais fait sa connaissance à la fin des années 70 quand son fils professeur fut nommé dans le même établissement que moi ; nous avions vite sympathisé, son fils et moi, avant de devenir amis. Très rapidement, à l'occasion d'amitiés franco-allemandes, Renée m'avait reçu chez elle, et depuis ce temps-là, je fus toujours associé aux évènements de sa vie : le mariage de son fils, la naissance de sa petite-fille, des anniversaires, des réceptions d'amis allemands, un voyage en Haute-Saône dans la maison familiale, des vacances en Aveyron... Renée m'a toujours témoigné beaucoup d'affection, de générosité et quand je la rencontrai, j'étais toujours heureux à l'avance de la façon dont elle me traiterait : son sourire et cette façon de plaisanter avec moi qui m'enchantait, comme si elle me disait "Ne nous prenons pas au sérieux !" ou bien "Les choses ne sont pas si graves ni si importantes !" Cette légèreté d'esprit, et cette sorte de complicité, je ne les ai retrouvées chez personne. Cela avait quelque chose de rassurant qui me mettait encore plus à l'aise.

   Je raconte ici le dernier souvenir que j'ai d'elle. Sa petite-fille, qui prépare son doctorat au Mexique, était de passage chez elle et j'étais venu l'embrasser. Le soir même, j'allais à la Comédie Française avec Thibault voir Cyrano. Nous étions assis dans son jardin, à l'ombre d'un grand arbre, buvant et devisant. En riant, je citai le premier vers de la ballade "Je jette avec grâce mon feutre..." Aussitôt Renée, qui avait alors 96 ans, enchaîna les vers suivants "et je fais lentement l'abandon du grand manteau qui me calfeutre..." et me récita ...toute la tirade ! Aujourd'hui Renée s'en est allée. On dit qu'elle s'est éteinte. Ce n'est pas une vaine métaphore, Renée, quand on était près d'elle, son rayonnement heureux éclairait. Elle s'est éteinte, une nuit de février, dans les bras de son fils, sans souffrir, comme une chandelle qui a consumé toute sa matière. La mort a été douce pour elle.

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 22:33

R-Gp-1.jpg    Il suffit d'aller au Grand Palais, au bord de la Seine, avec cinq écus en poche.R-Gp-8.jpg Sous l'amirable verrière de feraille restaurée, toute la France est là, de Louis le quatorzième à Napoléon le petit, en relief et en couleur, comme si vous voyagiez avec les frères Montgolfier. On parcourt en quelques enjambées toute la France, couchée au sol, pour arriver aux Chapelles-Bourbon.R-Gp-2.jpg Les plans-relief sont immenses R Gp 14et d'immenses miroirs permettent de mieux les admirer :R-Gp-3.jpg  La rade de Cherbourg, la plus grande du monde, le port et la ville de Brest avant les bombardements de la dernière guerre, les forteresses des Alpes, pour nous protéger des ducs de Savoie, les défenses inondables des villes du Nord... Pas un arbre ne manque, pas un rocher, le moindre escarpement est figuré, ce ruisseau qui serpente jusqu'à la rivière, il coule encore aujourd'hui.R-Gp-4.jpg R-Gp-6.jpgR-Gp-7.jpgR-Gp-13.jpgEtrangement, point d'hommes : les villes sont désertes, les champs sont vides, les plaines sont nues. Point de chariots sur les chemins, pas de diligences sur les routes, aucune voile sur les mers, pas une barque ne traverse cette rivière. Ces paysages figés, d'une précision hallucinante, sont morts. Tous les arbres sont fleuris, on est au printemps, mais aucun humain n'attend la promesse des fleurs. Hormis le brouhaha des visiteurs, un silence pesant enveloppe les maquettes, comme si une catastrophe imminente menaçait : un attaque d'un ennemi invisible, peut-être... En effet. Partout, des murailles, des fortifications, des bastions, des fossés et des talus, des enceintes fortifiées. Ces plans en relief n'ont été conçus que dans un but : faire la guerre !R-Gp-9.jpg Dans le plan-relief de Montmélian, la maquette est devant nous pour témoigner de la destruction du village en 1691. R-Gp-10.jpgElle a été éxécutée après le siège de cinq mois qui en est venu à bout. Et les pauvres maisons ruinées, béantes vers le ciel, sont bien toutes là, avec leurs moignons de mur qui se dressent dans ce désert de pierres.

 R-Gp-15-copie-1.jpg

   Ces plans en relief sortent des greniers des Invalides, de l'autre côté du pont Alexandre III. On ne nous en présente que quelques-uns, les plus beaux sans doute. L'exposition ne dure qu'un petit mois, elle se termine la semaine prochaîne, le 17 février. Courez-y vite ! Vous ne les reverrez pas de si tôt.

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 10:22

La Brie, sous la neige, est un immense fromage de Brie. Je jardine donc dans la maison et en hommage à ma petite-nièce AMARILLI, qui vit à Milan, je plante devant la fenêtre de mon bureau un énorme bulbe d'amaryllis.img045.jpgEt sur ce morceau de tableau de Renoir, on reconnait la petite Amarilli :

La-famille-copie-1.jpg

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 12:34

Stéfane a mis sur Facebook cette photo de Barriac, le Barriac de mes ancêtres, de mon enfance, de mes grandes vacances, de mes retraites studieuses, de mes lectures dans la maison pluricentenaire, en Aveyron (12, pour qui ne sait pas) :Barriac par Stefane

   Barriac par Stéfane

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 08:38

Je fais partie de ces imbéciles qui souffrent de l'omniprésence du sport dans les médias. Sa place est devenue démesurée par rapport à l'importance véritable de la chose. Mais entendre de plus en plus des journalistes sportifs (qui ne savent toujours pas commenter sans hurler - pourquoi ? Imagine-t-on la même chose en politique, dans la culture, le social ?) ou des sportifs faire l'analyse d'un match de foot, de rugby ou de quoi que ce soit comme s'il s'agissait de von Klausewitz en personne analysant la bataille d'Austerlitz est non seulement grotesque mais désormais parfaitement insupportable. De la mesure, de la mesure !

 

Je recopie ces lignes parues dans sa sainteté Télérama n°3238 sous la plume d'un lecteur, Monsieur Gilles Ascaride, pour dire que j'y adhère totalement. Et j'ajoute même que le vocabulaire des commentaires sportifs est d'une boursouflure ridicule : on "crucifie" son adversaire, on l'"humilie". On est des "requins", on est des "tueurs"... et j'en passe.

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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 17:54

C'est premier dimanche du mois, c'est Louvre !

Thibault a vu le Moïse prévu pour le tombeau de Jules II à Rome. Il veut rendre visite aux deux esclaves qui sont au Louvre et qui font partie du projet initial. Voilà :R Louvre 1

Et puis un passage par les cours Puget et Marly, pour voir de la statuaire française :R-Louvre-3.jpg

Mais le but de notre visite c'est la peinture française, au deuxième étage. Le XVIe siècle m'intéresse et je devrai y revenir seul. Thibault s'est lassé.  Catherine de Médicis, son mari et ses fils, son musicien borgne et le duc de Guise m'attendront.R Louvre 4

Dans le métro, la station Pont Neuf fait un clin d'oeil au Cercle Historique Fontenaisien qui bientôt battra monnaie.R-Louvre-5.jpg

Et un chanteur ambulant dans la rame du retour me console de cette trop rapide visite en braillant Bella Ciao  en volapük.R-Louvre-6.jpg

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 07:14

R-Palissade.jpg

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 14:55

  R-Goldoni-1.jpg    Le bon maire de Paris veille sur ma personne âgée, mais limiter mes sorties !

La tentation est bien trop forte surtout  quand je lis Goldoni sur le mur du métro. R-Goldoni.jpg   Je suis prêt à croire que la prochaîne station est "Zattere" ou "San Marco". Ou mieux "Rialto" : il y aura là, au bout du pont, sur une  piazzetta, la statue de Carlo Goldoni, haute de plusieurs mètres sur son piédestal de pierre blanche, en bronze, flanant tranquillement dans les ruelles de la Sérénissime. Ma gondole, non ma rame s'arrête à "Palazzo Reale". Palais Royal : j'ai rendez-vous là, au Théâtre Ephémère. On s'approche à tâtons dans la pénombre, au risque de s'empierger° sur une colonne de Buren.

°s'empierger : mot du patois briard qui dit bien ce qu'il veut dire. R-Com.-Fr.-6.jpg

    Eh bien, je l'ai vue, la mise en scène d'Alain Françon de la trilogie de Goldoni. Quatre heures et demie de spectacle, quatre heures et demie de bonheur, interrompues par deux entr'actes (A ce propos, par ces temps de glaciale froidure réfrigérante, le bar du foyer de la Comédie Française ferait mieux de proposer du vin chaud à la cannelle plutôt que du champagne frappé, même de chez Barons de Rothschild). Oui, que du bonheur, ces trois comédies de Goldoni qui s'enchaînent : Les Manies de la villégiature, Les Aventures de la villégiature et le Retour de la villégiature, dans une magnifique réalisation.

   Nous sommes à Livourne, dans deux maisons, celle de Leonardo et celle de Filippo. On y vit au dessus de ses moyens, tout est dans le paraître et partir en villégiature à Montenero fait partir du standing. Dans cette atmosphère bling-bling, on jette l'argent qu'on n'a pas par les fenêtres, robes neuves à la dernière mode, table ouverte aux pique-assiette, point de gages aux domestiques, ardoises chez les fournisseurs, etc. On court après une dot, après une donation, on attend la mort d'un oncle riche : on vit à crédit, quoi. Ca vous dit quelque chose ? R-Goldoni-3.jpg   Les comédiens français sont absolument épatants ! Qu'est-ce que je me suis amusé ! Il faudrait les citer tous ! Giorgia Scalliet dans le rôle de Giacinta mène le spectacle et son père (Hervé Pierre, crevant de naïveté bonhomme) par le bout du nez, Danièle Lebrun est inimitable en vieille coquette, Michel Vuillermoz est grandiose en pique-assiette qui se goinfre à en avoir la colique, Guillaume Gallienne, d'habitude si exubérant est ici tout à fait à contre-emploi dans sa mélancolie retenue... Pas un ne démérite : Anne Kessler, Eric Ruf, Laurent Stocker (parfois excessif), Elsa Poivre !... Et il y a en scène une jeune violoniste, Floriane Bonanni, qu'on meurt d'envie d'applaudir mais que l'action emporte. Elle installe dans le spectacle un moment d'émotion et de tendresse à l'image du regard que porte sur ses personnages Goldoni et à sa suite le metteur en scène Alain Françon. R-Goldoni-2.jpg   

   Le décor est simple, le Théâtre Ephémère ne disposant pas des moyens techniques de la salle Richelieu en travaux, on pourrait l'imaginer plus "riche" dans une reprise, mais il fonctionne très bien : grâce à des cloisons qui glissent, des persiennes et des rideaux qui s'ouvrent et se ferment, on passe d'une maison à l'autre dans la première et la dernière comédie. Et la pièce centrale nous propose une terrasse entre deux bâtiments à arcades, largement ouverte sur un vaste paysage de campagne, où après les stridulentes cigales du midi, on entend, quand le soir vient et que la lumière décroît, le coassement des grenouilles et le tintement d'une cloche. On voudrait être sur scène pour déguster avec les comédiens le chocolat qui fume dans la chocolatière et qu'on fait mousser avec un petit fouet.  Le spectacle s'achève dans la mélancolie souriante : c'est une sorte de catastrophe finale, au retour de la villégiature, où l'on épouse qui l'on n'aime pas,  mariages conclus par convenance, per non fare cattiva figura comme disent les Siciliens, où le régisseur finit en prison pour dettes à la place de son maître, où tout le monde est perdant, à cause de la bêtise et de la vanité. Les comédiens sont drapés dans des couvertures (comme les spectateurs emmitouflés dans leurs doudounes !), les riantes toilettes de la villégiature ont laissé place à de sombres vêtements.

   Je suis sorti de là sur un petit nuage, heureux, béat, souriant et... les pieds gelés ! J'avais envie de dire aux gens dans la rue : "Mettez vos chaussettes de ski et allez vite voir la Trilogie de Goldoni !" R-Goldoni-4.jpg

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 23:23

R-Pamina.jpg

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 18:16

    Le naufrage du Concordia  a révélé qu'un curé de village italien, qui avait déclaré à ses ouailles qu'il partait quelques jours pour une retraite "spirituelle", était en réalité à bord du bateau de croisière en la charmante compagnie d'une "nièce" dont il partageait la cabine. Dieu, qui est juste et bon, n'a pas permis qu'il se noyât, mais plutôt que ses paroissiens sussent la chose, connussent ladite nièce, lui en fissent reproche et qu'il en mourût quasiment de honte. A moins "qu'un beau désespoir alors le secourût..."°15 01 Croisiere Costa Concordia 930 620 scalewidth-copie-1 °Horace, III,6

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