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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 00:00

   Mon ami Jean-Louis fait de son temps quatre parties qui sont le printemps, l'été, l'automne, et l'hiver. Le printemps et l'automne, il est  Venitien. L'hiver, il est Chamoniard, ambasseur-skieur du Mont Blanc. L'été, il court l'Europe, de festival en festivaux.
   Moi, je fais de mon dimanche deux parties qui sont avant midi et après-midi. Avant midi, je suis dans la Venise (de la Brie), après-midi, je suis dans la Venise (de Shakespeare).CR025.jpg
   La Venise de la Brie, c'est Crécy-la-Chapelle où les élèves sont dingos : ils appellement leur collège "Mon plaisir" !CR024
   A Crécy comme à Venise, l'eau s'écoule lentement entre les maisons.CR041.jpg
   Même les Pompes Funèbres sont dans l'eau (des pompes, voyons !). CR036.jpg
   La brocante annuelle de début mai est une des plus étonnantes qu'on puisse rêver : des "Pléiades" affichées 15 € et vendues 10 ! Des dictionnaires encyclopédiques (et un peu mieux documentés que Wikipedia, croyez-moi) pour une aumône de 4 €, des livres d'art pour rien ! (On vous remercierait presque d'en débarasser le vendeur), etc.CR027.jpg 
Ces chaises métalliques et indestructibles, nous en avons six, trouvées aux ordures !
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Les vieilles peaux fripées peuvent échanger leur tête contre de la chair plus fraîche. Le chapeau est en prime. CR038.jpg 
Et si votre ordinateur tombe en panne, il reste les encriers.CR039.jpg 
C'est là que j'ai trouvé l'Histoire Romaine dont je parle ailleurs.AU003.jpg
   L'autre Venise, celle de l'après-midi, (vous savez celle de cet écrivain anglais qui a un nom d'Auvergnat qui meurt : "Ch'exspire !..."), c'est celle où Othello, trahi par l'affreux Iago, va finir par soupçonner sa Desdémone d'infidélité. Je ne vous raconte pas la suite, vous la connaissez. Ca finit mal pour tout le monde. Shakespeare, par la violence des passions déchainées, m'a tiré des larmes. C'était au Théâtre du Vieux Colombier. J'en ai encore des frissons.
        Mais sachez que ce théâtre, même par une belle après-midi de printemps, est inaccessible en voiture. Il n'y aucune circulation, c'est merveilleux. Il n'y a aucune place de stationnement : c'est affreux.OT002
   Saint Sulpice ! Je te supplie ! Ecoute ma prière ! Ma parole, il m'a fallu encore payer 15 € de stationnement à Léonard de Vinci, qui laisse ces affreux rats volants stationner gratuitement sur le toit de mon parking !OT007.jpg 
   La pièce dure trois heures. On ne sent pas le temps passer tant on est captivé. Il règne dans la salle un silence d'un poids, d'une intensité incroyable : on n'entend même pas respirer les asthmatiques les fumeurs et les tuberculeux. Thibault et moi étions au milieu du troisième rang d'orchestre : pas mieux ! (Thibault est le champion des places dernière minute pas chères).  Mon voisin était un monsieur de Versailles, quatre-vingt un ans, qui murmurait de temps à autre, devant les manigances de Iago : le salaud ! Le salaud ! C'en était émouvant. Nous avons fait connaissance à l'entracte. Nous venions de voir l'Otello de Rossini au Théâtre des Champs-Elysées, il était amateur (friqué) d'opéra : Abonnement, Bayreuth, Vérone et tout ça... En nous quittant : "Bonne fin de saison !" C'est bien sûr : Thibault et moi, nous ne vivons que pour la saison des spectacles !
   Voici, au moment du salut, les interprètes. Je veux les citer tous :OT008.jpg
Laurent Natrella, Nâzim Boudjenah-Iago, Bakary Sangaré-Othello, Elsa Lepoivre-Desdémone , Jérôme Pouly, Céline Samie.
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Pauline Méreuze (Bianca), N. Boudjenah (Iago), E. Lepoivre (Desdémone), B. Sangaré (Othello), Christian Gonon, Alain Lenglet.
Et voici deux photos du spectacles prises par Brigitte Enguérand :img102.jpg Iago.jpg 
On donnera encore ce grand Othello de Shakespeare l'année prochaine. A ne pas manquer, chers amis ! 
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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 17:14

   La grande, l'unique Cecila Bartoli dans le rôle de Desdemona, au Théâtre des Champs Elysées. Nous y étions ! Nos places étaient réservées depuis longtemps. Au XIXe siècle, nous aurions acclamé la Malibran. Nous avons la chance d'être nés près de deux siècles plus tard : quelle chance ! Quelle voix et quelle tecnique uniques ! Quelle sensibilité ! Quelle tragédienne !  Ben oui, Otello ce n'est pas drôle, même sous la plume de Rossini. J'ai dit Otello, non pas celui de Shakespeare, ni celui de Verdi, celui de Rossini, écrit au début du XIXe, le livret arrangé par un marquis dont je donne le nom : Francesco Maria Berio di Salsa (et je n'ajoute pas al Pomodoro, trop facile).

   Comme toujours aujourd'hui, souvent du moins à l'opéra, la mise en scène, les costumes et les décors nous arrachent à ce qui participe aussi à la beauté du spectacle : costumes et décors de l'époque où se déroule l'action (Ici Venise au XVIe, à l'époque de la rivalité avec les Turcs), ou bien de l'époque de l'écriture de l'oeuvre, le début du XIXe. Il faut s'habituer ! Pour moi, c'est dur. L'Italie des années cinquante, l'affreux Iago, en costume de capitaine de C.R.S., Desdémone dans une sobre robe noire qui la moule, quand on attend un vêtement somptueux (elle est la fille d'un intime du doge et on doit la marier au fils de ce dernier) un palais vénitien représenté par un vaste espace austère et sans âme, avec des portes tout autour qui permettent l'existence d'autres lieux, une table richement dressée avec des chandeliers illuminés qui apparait quand un chanteur l'entrouvre, ça fait cheap, comme on dit. Au dessus de cette arène, un immense, énorme, unique lustre indique "Ici, Venise !" Et au troisième acte la chanson d'un gondolier (qui chante du Dante !). Le gondolier ? En marinière façon Montebourg ! Passons sur tout cela : il reste la sublime Cecila Bartoli, un régal. Allez donc sur internet pour l'écouter dans l'air du saule au troisième acte. Elle était entourée d'une distribution à sa hauteur : trois ténors (et même quatre pour un rôle mineur), tous excellents, chacun bien caractérisé par son timbre, sa puissance, son jeu.
Photos de ThibaultCB038.jpg

   L'orchestre était sous la baguette de Jean-Christophe Spinosi, un baroqueux. Alors, vous pensez ! Quand il est monté sur scène pour recueillir les acclamations du public, une bande de pisse-vinaigre a voulu le huer, mais les bravos et les vivats ont eu vite fait d'étouffer leurs vociférations. Ils voulaient faire genre "On a lu la critique du Monde, il n'a pas aimé, alors nous non plus... D'ailleurs, on s'y connait en direction d'orchestre."CB030.jpg
Au bord de la scène, de gauche à droite : le doge, avec une chaîne, Elmiro, le père de Rodrigo, Rodrigo lui-même, prétendant à la main de Desdémone, Desdemone alias Cecilia Bartoli, Jean-Christophe Spinosi, chef d'orchestre, Otello, le maure de Venise, Iago, Emilia, la confidente de desdémone, et enfin le gondolier.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 08:10

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Oui, je sais, ça fait Théophile. Théo est tout blanc, il est sage. C'est une ange. Philou est tout noir, c'est un diable. Un bon petit diable. Pamina les a invités pour quelques jours de vacances dans sa maison de campagne, en Seine-et-Marne, c'est Pâques.PP014.jpg PP024.jpg PP001.jpg

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 22:37

   Premier ouiquende d'avril, première brocante de l'année. Alors, vous savez comme c'est, quand on s'est trop longtemps retenu, ou quand on a été trop longtemps privé... Les biffetons s'agitent dans le portefeuille, les doublezons gigotent dans le porte-monnaie. Vite, vite, c'est la fièvre, achetons !... Et tous les ans, c'est la belle Rozay qui ouvre le bal, Rozay-en-Brie, au bord de l'Yerres.BR009.jpg
   J'aime m'y balader, même si c'est pour aller à la perception. Ses maisons à colombages, aux étages en encorbellement, lui donnent un grand charme.BR002.jpg
   Et quand la brocante grouille dans ses rues d'où les voitures ont disparu, on fait véritablement un bond dans le passé.BR005.jpg
   Les rues sont en pente, la ville s'incline doucement vers la rivière, les murailles et les tours médiévales de son enceinte sont présentes par endroits, il faut pour y entrer franchir deux portes anciennes.BR006.jpg
   J'ai acheté un pupitre, une sorte de petit lutrin de fonte pour tenir un livre ouvert sur mon bureau. Il est très lourd et donc fort stable, j'espère que ma chatte alpiniste qui aime faire des glissades ne le fichera pas en l'air comme elle a déjà fait d'une statuette que j'avais payée fort cher au Louvre et qui s'est brisée en mille morceaux : un prêtre accroupi ! cette chatte ne respecte même pas la religion (égypchienne, c'est pour ça !).BR011.jpg
   Au stand de la paroisse, où une brave bigote a tenté de me fourguer le catéchisme (pour adultes), un fort volume certainement bourré d'erreurs et de mensonges, j'ai découvert le plus charmant service de table qu'on puisse rêver : le décor s'appelle "Sicile". Toutes les assiettes y sont.BR013.jpg
   La photo ne rend pas sa couleur : la guirlande est bleue sur fond blanc. La voici en lumière du jour :BR001.jpg
   Nous l'avons aussitôt emporté et utilisé le midi même : nous avions des amis à déjeuner (salade italienne, raclette au lait cru, tarte feuilletée aux fraises). Et pour faire bonne mesure, j'ai pris un saladier anglais au décor bleu lui aussi tandis que Thibault en choisissait un autre avec un dessin rose. Nous sommes parés pour servir des salades en technicolor.BR014.jpg
   Et, le croiriez-vous, moi qui ne porte plus de cravate depuis belle lurette je m'en suis acheté deux, une bleue avec des petits chats jaunes, pour mettre avec mon blazer bleu, et une toute bariolée comme un vitrail de cathédrale, que Thibault a trouvé d'une mocheté absolue et qui sera du dernier chic pour égayer mon blazer noir.
   Après le déjeuner, nous avons emmené nos invités à Villeneuve-le-Comte où se tenait une autre brocante : les livres s'y vendaient à l'empan. Oui, vous avez bien lu, à l'empan, étrange mesure, hein ? Un empan, ça fait un euro ! Les vendeurs vous laissent choisir autant de livres que vous voulez (il y avait comme toujours des trésors) et ils mesurent la pile en écartant les doigts le plus possible ; de l'extrémité du pouce  jusqu'au bout de l'auriculaire (le petit doigt, celui qui gratte l'oreille), ça vous coûte un euro. Voici pour un empan :
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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 19:00

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Une nouvelle équipe municipale a été élue. Enfin ! Les morts vont pouvoir dormir tranquilles. Et les vivants, on va leur ficher la paix.

Je réponds ici à deux mails : Il y a trois ans, la deuxième ajointe au maire avait entrepris une procédure pour exhumer une vingtaine de tombes, certaines du XIXe siècle. Or elle ne fait pas partie de la nouvelle équipe municipale. Ce projet est donc enterré. Comme les morts du cimetière. 

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 22:00

   Juste après Moutiers, j'ai trouvé la neige, fine, lègère, voltigeante et fondante, et puis un peu plus loin, les flocons s'écrasaient sur le pare-brise de la Ds et colaient à la route ; bientôt tout le paysage est devenu blanc. Je jubilais.RMM086.jpg
Et pourtant, quelques kilomètres plus tôt, je longeais le lac d'Annecy. Un ami resté en région parisienne m'appela sur mon portable et me dit que de neige il n'y en avait point. J'avais été aussitôt déçu : première semaine de printemps, je montais rejoindre ma bande d'amis fous de ski dans la vallée des Belleville et pas de neige ! Où avait-il péché cette information ? Bien qu'il portât régulièrement son vote au front dit national, aucun étranger ne lui retirait de la bouche son pain (au chocolat) : alors, voulait-il donc ainsi ternir mon bonheur d'humaniste de gauche qui va retrouver sa bande de potes de gauche ? Ou bien était-il jaloux de me voir pratiquer encore la montagne à mon âge, quand lui-même,  jeune encore mais déjà retraité, ne s'exerçait  à aucun sport ? J'en étais là de mes reflexions quand j'atteignis, après trente kilomètres de montée, le village complètement enfoui sous la neige.RMm024.jpg Oubliée ma déception, j'étais tout au bonheur de mes vacances. Quand il m'a vu du balcon du chalet, Jean-Pierre est sorti avec une de ces larges pelles plates et profondes pour déblayer la neige sur un espace assez grand pour que je puisse ranger ma voiture. Tous les autres amis nous ont rejoints. Embrassades. On a vidé l'auto : j'apportais une partie du ravitaillement.
   Ce soir-là, nous avons mangé un gigot d'agneau que Monique et Jean-Pierre avait apporté d'Ardèche où ils ont leur maison de campagne. Pendant qu'il rôtissait, Yves a ouvert une première bouteille de Chignin Bergeron et je ne me rappelais pas que ce vin blanc fût aussi rafraîchissant : léger et vif, avec un léger fruit, et un imperceptible picotement qui chatouille agréablement la langue,  il sera l'apéritif de tous les soirs. Certes, il y a aussi parmi nous des amateurs d'un vieux pur malt des Highlands, nul n'est parfait, mais ils savent aussi saluer comme il faut les bouteilles savoyardes.
   Le gigot, tendre comme un agneau, Laurence et Monique nous l'ont servi accompagné de mogettes, ces haricots de Vendée cuisinés avec de fins lardons et des carottes et parfumés d'ail. Et nous avons bu le Gamay de la cave de Lablachère, un rouge souple et fruité, aux arômes de groseille  que chaque année Monique et Jean-Pierre apportent d'Ardèche et qu'ils nous recommandent de déguster lègèrement frais : un vrai bonheur.
   Elle en a vu passer du monde cette longue table de cuisine, depuis la trentaine d'années que nous venons, chaque hiver ou chaque printemps désormais, skier dans les Trois Vallées. Les enfants ont grandi, des parents sont devenus des grands-parents, et ce soir nous sommes sept autour de la table à nous souvenir des gamins qu'il fallait réfréner dans la poudreuse vierge de Méribel.
   Ces repas du soir sont devenus un rite, une célébration quotidienne, quand le déjeuner se prend hors-sac sur les pistes. Tous s'activent à la préparation des plats, tandis qu'avec le chignin l'atmosphère s'échauffe : cris, éclats de rire, commentaires sur la journée écoulée... Bientôt on n'entend plus la musique, du Bach, du Haendel, des baroqueux, on aime, Brendel... et elle devient vite un bruit de fond. Chacun  avait apporté ses dernières découvertes, des dizaines de Cd s'empilent dans un coin. Le plat qu'on va déguster est l'acmé de la soirée : on vise l'excellence, j'y reviendrai.RMM022.jpg
   J'ai emmené avec moi Pamina, comme chaque année. Dès que j'ai eu ouvert la portière, elle a sauté dans la neige, où elle a enfoui très profond son museau noir , sa tête jusqu'aux oreilles, comme pour retrouver les effluves des vacances anciennes. Et puis elle est partie, courant comme une folle de l'un à l'autre, heureuse de retrouver ses amis, gambadant en tous sens sous les flocons qui continuaient à tomber.RMM028.jpg
J'ai porté dans sa cage ma chatte, à l'intérieur du chalet, et Dido, la reine de Carthage, est devenue la reine du chalet. Etonnante bestiole ! Les autres années, elle se blottissait dans une des chambres qu'elle ne quittait plus de tout le séjour. RMm035.jpg
Cette année elle redécouvre les lieux, peut-être intriguée par les travaux d'agrandissement réalisés par Marcel -une nouvelle chambre et une deuxième salle de bain au dessus du sauna-, humant le bois neuf, se frottant au chambranle des nouvelles portes. RMM008
Et puis elle s'est dressée derrière la vitre de la porte-fenêtre du balcon, intriguée par les flocons et le vol d'un choucas. Alors Laurence lui a installé un petit fauteuil bas en rotin tout près du carreau et c'est devenu son belvédère pour la semaine.RMM051.jpg

   Nous avons dégusté un soir un curry d'agneau, le meilleur que j'aie mangé de ma vie. Et c'est moi qui l'ai cuisiné. Mais je n'ai aucun mérite à l'excellence de ce plat. La viande, elle venait d'Ardèche, dans les bagages de Jean-Pierre et de Monique. La recette ? C'est la recette de Laurence. Je l'avais notée il y a bien une quinzaine d'années et c'est elle, alors, qui l'avait réalisée. Cette fois-ci, j'ai donc refait la recette de Laurence, sous les yeux de Laurence, avec les conseils de Laurence. C'est une recette ancienne que Laurence tient de sa mère qui la tient elle-même d'une vieille cuisinière aveugle qui était de la domesticité d'une Maharané, la femme du Maharadjah de Toutep-Uropuhr. Elle l'avait rencontrée à Ceylan où la malheureuse s'était réfugiée après le massacre organisé par les prêtres et des intégristes de je ne sais plus quelle secte. Laurence nous avait apporté un pot de pâte de curry chaudement parfumée d'épices innombrables. Tout le bonheur du plat tient à cet ingrédient et à la qualité de l'agneau ardèchois. Naturellement, j'ai ajouté à cela des oignons fondus, du yaourt, des tranches de pomme acidulée, des rondelles de banane. Laurence, après un quart d'heure de cuisson, et avant d'ajouter les morceaux d'agneau revenus au beurre et à l'huile, m'a conseillé de mixer le tout. La cuisine du chalet est bien équipée, Dieu en soit loué, et notre hôtesse Jane aussi, elle qui veille à tout pour notre confort et qui nous le prête tous les ans pour de l'argent. Judicieux conseil de Laurence ! Le résultat fut stupéfiant et Yves, le mari de Laurence, l'a savouré en poussant toutes sortes d'exclamations de gourmandise. Pour les plus délicats d'entre nous, de la noix de coco râpée atténuait la chaleur des épices.
   Un autre soir, c'est Mi-Jo qui nous a mi-joté le plat du soir. Nous savons tous nous régaler d'un bon hachis Parmentier, avec de la viande de pot-au-feu hachée menu, cuite jusqu'à évaporation avec des oignons dans un bouillon corsé. Mi-Jo avait apporté des cuisses de canard confites, et leur graisse naturellement. Imaginez un peu cela, un plat dont le fond serait garni de de chair de canard confit mélangée d'oignons et de pommes de terre écrasées et ensuite une succession de strates, tantôt d'oignons revenus dans la graisse de canard, tantôt de pommes de terre écrasées détendues avec de la graisse, tantôt de chair de canard, le tout gratiné au four. Non, ce n'est pas gras ! Et puis vous avez skié toute la journée, non ? ! Accompagnez ce plat du Gamay de l'Ardèche, un peu frais. Vous en lècherez le plat. Un nom ?
Effilochée de canard et sa pressée de pommes de terre ! 
   La seule ombre au tableau de ces petits balthazars, ce fut le pain. Mon Dieu, ce pain ! Ce n'est pas qu'il fût mauvais, il n'avait pas de goût, mais après quelques heures on aurait pu assommer l'industriel qui les fabrique avec ses baguettes. Et il l'aurait bien mérité. Comme j'aimerais que mon boulanger de La Houssaye vienne skier ici et nous pétrisse, entre deux descentes, une bonne fournée !RMM090.jpg

   J'avais emporté pour le séjour trois livres : le dernier roman, autobiographique, d'Hervé Guibert, mort d'avoir aimé : L'homme au chapeau rouge, un essai de Michel Onfray, dont la lecture du Traité d'athéologie, l'année dernière, m'avait lavé le cerveau de bien des niaiseries et que j'avais donné à Jean-Pierre, et un recueil d'anecdotes sur le monde de l'opéra. J'avais acheté ce dernier livre en fouinant dans une librairie du Marais et il m'a laissé dans l'insatisfaction. Son auteur, dont je crois avoir déjà rencontré la signature dans une revue musicale, connait semble-t-il son affaire, mais le livre est bancal. Le premier chapitre, très développé, est une  histoire des origines de cette forme musicale, mais ensuite l'auteur survole le siècle d'or, le XIXe, après avoir méprisé l'époque baroque si riche. Quant au XXe, il devient vraiment anecdotique. Le livre fourmille d'historiettes dont certaines sont connues, - la Malibran se faisant étrangler sur scène par son père dans Otello de Rossini -, et en fait c'est plutôt une compilation d'évènements glanés çà et là au cours de lectures et regroupés par thêmes. L'auteur est un rejeton de la droite dure, il a une vision parfois aristocratique du public, igorant  qu'en Italie c'est un art vraiment populaire et  qu'on n'est pas étonné d'y entre un maçon sur son échafaudage chanter La donna è mobile comme la plume au vent...
René et Marcel, enfants du pays, restaurent avec beaucoup d'habileté et de goût les anciennes maisons de la famille qui deviennent des gîtes.RMm034.jpg
   
Dans l'Homme au chapeau rouge, c'est Hervé Guibert lui-même l'homme au chapeau (clin d'oeil au Titien sans doute), l'auteur raconte ses derniers mois de vie, ses voyages et ses rencontres, avant quil ne meure du sida, une semaine après une tentative de suicide. Cela s'appelle roman, mais c'est le troisieme livre de sa trilogie autobiographique, depuis l'Ami qui ne m'a pas sauvé la vie.  Son combat contre la maladie, et la mort qui guette, qu'il ne met jamais au premier plan, mais toujours présents, sa quête de la beauté dans la peinture, le problème des faux dans l'art, parfois plus beaux que des oeuvres véritables, ses rencontres avec Balthus, à Venise lors de la Mostra, en Suisse dans son chalet, ses passions pour des êtres brusquement éteintes, tout cela m'a fasciné. A la fin, il déplore le vol dans ses bagages d'un cahier d'une soixante de pages de son journal intime : cela devait constituer la fin du livre. Je déplore aussi ce vol. Tout cela est écrit avec la plus grande simplicité, sans vouloir faire de la littérature, dans un style dépouillé, sans mots superflus, sans adjectifs ni adverbes inutiles, sans réthorique, sans figures : il y a juste la chair à nu d'un homme souffrant qui raconte et que des bribes rattachent à la vie. J'ai beaucoup aimé ce livre.
   Le dernier livre que j'avais emporté, celui d'Onfray, je ne l'ai pas ouvert. pas le temps.
Et le soir, on se partage les images de la journée.  Deuxième vie !
De gauche à droite : Jean-Pierre, Monique, Mi-Jo, Daniel, Yves, Laurence et Alain
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   Nous avons écouté beaucoup de musique pendant cette semaine : Bach, Haendel, Mendelssohn, Brendel au piano... pour autant que les Allemands du chalet voisin nous le permettent : après des heures de descente à ski, qu'est-ce qu'ils descendent comme litres de bière ! Tout ça dans le vacarme assourdissant de leur musique boum-boum, affalés devant les maisons, les pieds dans la neige, la combinaison de ski dégrafée.RMM032.jpg
   Le ski, voilà la grande affaire : dans ces montagnes complètement endormies et silencieuses il y a encore deux ou trois générations - imaginez seulement les clarines dans les alpages et  quelques familles industrieuses dans de rares villages -, aujourd'hui c'est une activité perpétuelle. Les derniers skieurs rentrés, aussitôt d'autres hommes s'activent sur les pistes. Toute la nuit, ils travaillent , se relayant  même, pour préparer la neige, avant que leurs collègues, dans le petit matin, ne dynamitent les pentes avalancheuses.
Ci-dessous, le sommet de la montagne de la Masse, dans la lumière du petit matin, en face du village, assez pentue. La nuit on voit les phares des engins, comme suspendus dans le ciel, qui dament la Masse.RMm045.jpg
Et toute la journée, les pisteurs-secouristes veillent sur les sportifs multicolores.  Le personnel des remontées  assurent le transport de tous ces amateurs de glisse.RMM039.jpg RMM040.jpg RMM043.jpg
Cela ne s'arrête jamais. Tout ça pour ça : monter en haut pour glisser en bas !
Jean-Pierre et Yves
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Laurence et Monique
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Daniel et Pamina
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Quand on quitte à skis notre village de résidence (Le Levassaix), on gagne plus bas dans la vallée Le Bettaix, point de départ de la journée. (Attention à bien prononcer, sinon ça fait pèquenot. On dit Levassai et Bettai, comme Chamoni, et  pas Levassaisque et Bettaisque, comme Chamonisque. Diantre ! Il faut vous le répéter ?)
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Pamina est sur la piste aussi à l'aise que si elle  avait des skis. RMM066.jpg
Cette activité démiurgique qui façonne le paysage pour notre plaisir  a un coût. Pour le skieur, cela s'appelle le forfait (plus chicoss' : le skipass !) :  320€ pour une semaine complète. Heureux le vieillard que je suis ! Après 75 ans, c'est gratuit ! L'année prochaine, j'en serai.
Ici, le sommet de la cime Caron, où arrive le téléphérique à 3200 mètres.RMm003.jpg

    Bouquetins et bouquetines  
   Le bouquetin est l'animal emblèmatique des Menuires. On oublie trop souvent que les bouquetins se reproduisent entre eux, et qu'il y faut un mâle et une femelle comme chez les catholiques : on nous l'a pourtant assez braillé dans des manifs où  défilent des grognasses hystériques. Dont acte : je rends ici hommage aux bouquetines qui peuplent, au côté des bouquetins, ces belles montagnes.RMM017.jpg

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22 mars 2014 6 22 /03 /mars /2014 09:09

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Les photos, tirées du programme, sont de COSIMO MIRCO MAGLIOCCA.
   La vieille dame est riche, à millions. Elle revient dans la ville de son enfance, une ville où la misère s'est installée. Les usines ont fermé, on vit de peu et à crédit. Elle apporte la fortune à une condition : elle a été séduite, mise enceinte et abandonnée par le garçon qu'elle aimait, qu'elle aime peut-être encore, elle a été chassée, elle est passée par la prostitution, elle a ruiné plusieurs maris, et elle réclame en échange de son milliard la tête de l'homme jadis aimé. Toute la pièce est la confrontation entre elle et lui, qui semble avoir encore un sentiment pour elle, et les notables de la cité : le maire, le professeur, le médecin, le commissaire, le pasteur. Lâchement, appâtés par l'argent, tous vont succomber. A la fin de la pièce, Alfred est étranglé. Pièce sombre, à désespérer de l'homme.
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   Décors et costumes sont à l'image de cette humanité. A part quelques accessoires colorés, un comptoir d'épicier, un pare-brise de voiture, des tabourets, des caisses, les frondaisons d'un arbre, les murs sont nus et noirs et n'offrent que des projections en noir et blanc, sans attrait. Les costumes sont d'époque : la pièce de Dürrenmatt date des années cinquante. Ils ne sont pas laids, mais ils sont tout élimés au début du spectacle pour revenir ensuite défigurés, maculés de taches de couleur, d'or et d'argent : ce n'est pas très beau.
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   Ce qui sauve la pièce, ce sont les comédiens que je trouve tous extrèmement convaincants. Ils mettent beaucoup d'énergie à défendre leur rôle, devant un salle impassible, peut-être rebutée par la pièce elle-même. Ils sont treize et il faudrait les citer tous. J'ai retrouvé avec plaisir Michel Favory, qui m'avait fait pleurer cet hiver, Didier Sandre, Danièle Lebrun, c'est elle la vieille dame, Samuel Labarthe, dans le rôle pitoyable d'Alfred.
   Un mot pour la sonorisation : une partie de la pièce se déroule dans une gare. Très crédible, la gare ! Le fracas des express traverse la salle de part en part, des jets de vapeur fusent jusque sur le public (j'étais au quatrième rang d'orchestre, à côté d'un très grosse dame qui s'éventait !) et la lumière des wagons illumine le décor.
   C'était La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt au Théâtre du Vieux Colombier.
 

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 07:06

   Bienvenue, la pollution ! grâce à toi, Pollution, je sors de mon trou. Les transports en commun sont gratuits cet ouiquende. Quand j'y pense ! Tous ces trains qui circulaient à vide les fins de semaine ! Enfin, un peu de monde ! Profitons, profitons !
   Thibault et moi décidons de faire une randonnée, un peu d'alpinisme, de l'escalade même, le long des pentes de cette colline verdoyante, parfois escarpée, qui domine la  ville. Le lieu est connu depuis longtemps. A la fin du Moyen Âge, il y avait là-haut une maison de campagne. Les Jésuites l'achètent en 1626 et baptisent obséquieusement quelques années plus tard l'endroit : Mont-Louis, pour se faire bien voir de Louis dit Quatorze. Et puis, puissance de l'argent, Ils agrandissent la propriété sur la hauteur, tracent des jardins et l'un d'eux réussit à s'infiltrer à la cour pour devenir le confesseur du roi : confesseur de Louis XIV ! Sa carrière est faite. Il le restera jusqu'à sa mort en 1709. Il se fait construire une belle maison là-haut sur la colline et son nom restera attaché à ce belvédère : il s'agit du Père de La Chaise. Les "Jèses" resteront propriétaires jusqu'en 1762, jusqu'à ce qu'ils soient interdits et bannis de France par Louis XV. Au début du XIXe siècle, la grande ville (c'est Paris) rachète l'endroit pour en faire une nécropole : le cimetière du Père Lachaise est né.PLC073
   Le cimetière, au contraire de ce qu'on voit dans les pays du nord, est une prison, où l'on enferme les morts, derrière de hauts murs. Il faut franchir un lourd portail, qu'on ouvre qu'à de certaines heures, surtout pas le soir ou la nuit. Des fois que... Sait-on jamais.PLC072.jpg 
Les morts parlent naturellement une langue morte : Spes illorum immortalitate plena est.
   Flânons parmi les morts.PLC010.jpg PLC005.jpg 
Toutes ne sont pas espiègles comme cette jeune défunte. La tristesse est de mise.PLC017.jpg PLC026.jpg 
Celle-là même défend qu'on accède à son tombeau.PLC062.jpg
Le monde des morts est un monde mystérieux qui s'ouvre sur l'inconnu. On ne s'en approche qu'avec crainte. PLC015.jpg 
J'ai revu récemment le film de Marcel Carné Les Enfants du Paradis. J.-L. Barrault y rend le personnage du mime Debureau inoubliable... Il est amoureux de Garance : c'est Arletty.PLC007.jpg
Les hommes, au contraire des femmes, sont moins tristes : ils somnolent ou réfléchissent.
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Ou bien ils prennent la pause, comme sur une tombe étrusque.PLC053.jpg 
Les familles nombreuses doivent voir grand :PLC012.jpg PLC029.jpg 
Une des plus visitées est presque inaccessible : J. Morrison.PLC022.jpg 
Quoi offrir à Frédéric Chopin ?  Des morceaux de ses partitions et des fleurs.PLC019.jpg 
Et à Parmentier ? Des patates, bien sûr.PLC041.jpg Madame Sans-Gêne repose auprès de son mari le maréchal Lefebvre, duc de Dantzick.PLC039.jpg 
L'ange d'Oscar Wilde a été émasculé par un sale con, mais il est couvert de bisous.
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La niche où reposaient les cendres de Maria Callas, avant qu'elles ne soient dispersées en Mer Egée, est presque introuvable dans le dédale obscur du colombarium,
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tandis qu'Edith Piaf se repère facilement au nombre de ses admirateurs dans l'océan des tombes basses.PLC061.jpg 
Non loin, presque au plus haut du cimetière, nous parlons de la Commune et saluons le mur des Fédérés, en face duquel nous chantonnons le Temps des cerises en hommage à Jean-Baptiste Clément qui repose là.PLC057.jpg PLC059.jpg 
Plusieurs monuments évoquent les martyrs de la guerre. Celui de Mauthausen est pariculièrement poignant : il rappelle 'l'escalier de la mort', 186 marches que les détenus devaient gravir en portant sur leur dos des blocs du granite extrait de la carrière.  
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Dans cette vaste nécropole du Père Lachaise, des monuments s'affaissent,PLC036 
des morts disparaissent dans l'oubli et la mousse,
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et la rouille mange le métal de la sépulture inviolable.PLC035.jpg 
Sic transit gloria mundi !

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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 06:45

A partir de cette année, la date du 2 mars est réservée dans  nos calendriers.

Notez bien dans vos tablettes : c'est l'anniversaire de SORA !photo-Sora-5.jpg 
Sora est le fils de Saera et de Sylvain.

Vous voulez en voir plus ? photo-Sora-3.jpg Daniel et Mijo sont désormais Papy et Mamy !

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 07:31

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   Notre temps est aux écoutes. Alors, nous aussi... Ecoutons. Espérons que cette brume poétique qui nimbe Paris et fait tousser les écolos ne nous brouille pas l'écoute. Car nous sommes venus, Thibault et moi, pour écouter. Ecouter quoi ? Qui ?
   Marek Janowski dirige ce soir à Pleyel un concert Richard Strauss. Deux poèmes symphoniques. Il y avait bien aussi au programme quatre lieders orchestrés et la scène finale de Capriccio. Mais la cantatrice Anja Harteros, sublime soprano, elle aussi, elle tousse ! J'espère seulement que tous les tuberculeux et les tabagiques de la capitale ne se sont pas donné rendez-vous à la salle Pleyel pour tousser tous en choeur. Trop, ce serait trop ! J'ai même vu le maire Delanoë tousser au journal télévisé. Bon, tous toussent, quoi ! Janowsky nous fait un beau cadeau de consolation : il dirigera la Symphonie Inachevée de Schubert.RS004-copie-1.jpg
   Thibault m'entraîne à travers le quartier latin jusqu'à mon disquaire préféré, qui a déménagé de la rue de Vaugirard, où était la Chaumière à Musique jusqu'à un magasin plus grand, Melomania, au 38 du Boulevard Saint Germain. Par dessus les toits, le dôme du Panthéon semble une navette spatiale à destination de l'éternité.RS011.jpg
   Nous profitons au passage de l'Ecole de Médecine, Paris-Descartes, pour nous "rafraîchir" (euphémisme !).RS009.jpg
   Bd Saint Germain ? Saint Nicolas du Chardonnet et ses culs bénits d'extrème-droite nous tourne ostensiblement le dos. On s'en fout, car nous sommes arrivés chez Mélomania, nouveau nom de la Chaumière à Musique.RS012.jpg
   Chasse fructueuse dans les bacs : Thibault déniche plusieurs coffrets des intégrales des huit symphonies de Schubert. Il y a là les fameux enregistrements de Karl Böhm à la tête du Berliner Philharmoniker ; j'achète !RSc001.jpg
   A Pleyel, le changement de programme a-t-il découragé des spectateurs? La salle, finalement, se remplit. Tant pis pour les absents, nous serons les happy few. Il y a là une prof avec toute sa classe, une bande d'ados bien sympathiques, ça rajeunit l'auditoire.RS020-copie-1.jpg
   Et puis, surprise des surprises, Thibault reconnait dans le public le directeur d'une école allemande où il a fait un stage il y a bien treize ans ! Retrouvailles ! Salutations et effusions ! Herr A... se souvient tout à fait de Thibault ! Il est retraité et voyage avec sa femme : tous les ans, un séjour à Paris. Il est vrai qu'outre-Rhin les professeurs sont financièrement mieux considérés que les misérables petits profs de rien du tout de la France. Nous échangeons quelques mots, en français, sur le programme : C'est la première fois qu'il entend Metamorphosen, une des dernières oeuvres de Richard Strauss. Nous avons beaucoup aimé tous les deux. RS013.jpg
   Car le programme était prometteur : Mort et transfiguration, de R.S., ensuite l'Inachevée et pour finir Métamorphoses. RS015
   Si vous ne connaissez pas ce poème symphonique de Richard Strauss, Mort et Transfiguration, écrit à 25 ans, en 1888-89, je vous en donne le découpage qui vous fera vous précipiter chez votre disquaire :
   1. Largo : l'Homme malade, proche de la mort. 2. Allegro molto agitato : La bataille entre la vie et la mort ne laisse aucun répit à l'homme. 3. Meno mosso : la vie passée de l'homme s'écoule devant ses yeux. 4. Moderato : la Transfiguration (L'heure de sa mort approche, son âme quitte son corps, pour trouver, dans le cosmos éternel, dans sa forme la plus magnifique, ce qu'il ne pouvait pas réaliser sur cette terre.)RS014-copie-1 RS016.jpg 
(je mets la photo des harpes, cet instrument que les harpistes passent la moitié du temps à accorder et l'autre moitié à jouer faux, dit-on, pour une de mes amies qui adore la harpe.)

 
   

 

 

 

 

   C'est une oeuvre assez courte, moins d'une petite demi-heure, où Strauss déploie une art extraordinaire, d'une immense richesse, de l'orchestration. La fin, sublime ! Après les dernières notes, le public était en état de sidération, le silence a duré plusieurs secondes avant que ne crépitent les applaudissements.
   L'Inachevée de Schubert est une oeuvre archi-connue. Schubert la résume de deux mots : "Amour...douleur". Cette musique très lyrique me fait toujours frissonner, du tragique du premier mouvement vers l'extase de l'andante final. On est en plein romantisme, il est vrai.
   Métamorphoses est pour un orchestre de cordes : dix violons, cinq altos, cinq violoncelles et trois contrebasses. RS022.jpg
   Imaginez ces vingt-trois musiciens regroupés tout contre Marek Janowski, sous une lumière zénithale resserrée, interprètant cette oeuvre funèbre, désespérée. On est en 1945 : Strauss considère l'Allemagne anéantie, sa maison écrasée sous les bombes, l'opéra de Munich écroulé... Strauss est très âgé. Il n'a pas fui l'Allemagne en 33, il doit s'en défendre lors de la dénazification, lui dont le fils a épousé une jeune juive. Cette musique, adagio, est véritablement poignante, déchirante et l'exécution de Janowski, avec l'orchestre de Paris, est d'un grand recueillement. Le public, qui avait été un peu réservé pour les deux premières oeuvres, s'est laissé aller à une immense gratitude.RS026.jpg

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